Commentaires pour chut, un homme de 62 ans

J’ai vu tant de pays
Baigné dans le sang
Tant de haine, de furie
Dans des yeux innocents…

J’ai vu tant de frontières,
Dont ne reste plus rien,
Que le fruit de misère,
Semé par les humains…

Dans les histoires de demain,
Qui pourra dire combien,
On a bâti, re-bâti encor et toujours,
Et qui donc se souviendra
Qu'en ces temps d’autrefois,
Un seul chant résonnait comme un « Hymne à l’Amour »

Marchant sur un ballon aussi gros que le monde,
Loin des rires qui font le charme des ruelles,
Ses vieux souliers usés sur des chemins cruels,
Le vagabond tournait puisque la terre est ronde.

Sa course était au vent, à l’orage qui gronde,
Au soleil qui faisait de son ombre fidèle
Un compagnon de marche ancré à sa semelle;
Et le temps à son pas essaimer les secondes…

Las ! Comme un loup trop vieux rejeté par sa horde,
Implorant un sommeil que seul le ciel accorde,
Le vagabond est mort au cœur de la forêt.

La nature a le don de la coïncidence :
On dit à la veillée, un soir de confidence
Qu’un arbre s’effeuilla pour montrer qu’il pleurait.

Mes yeux ne reflètent que des échos de lustres
Dans la chambre où vous vous trouvâtes jadis
Mais l’âme sensible d’une beauté illustre
Saurait trouver aux confins de mes rutilants iris,

Une triste lueur que projette ma détresse.
Vous teniez en vos mains une fleur morte
Que vous tendîtes vers moi avec tendresse
Alors que vous m’imploriez de passer la porte.

Je conserve cette fleur, comme un chapelet
Qui ne quitte mon chevet qu’une fois les matins
Pour baiser mes lèvres et s’effeuiller en mes mains.

Et l’arôme qui se propage dans les reflets
Fait verser les larmes et fait verser le vin
Dans la coupe limpide des soirs sans entrain

Pour vous ma douce, j’aimerai vaincre le temps,
Afin que chaque moment vous dure plus longtemps.
Hélas, je ne suis qu’un homme !
D’avoir tant essayé, usé, j’abandonne…

Bientôt, il nous faudra partir, une question d’heures,
Quitter à regret ce pays de couleurs.
Ce soleil qui a su, si joliment brunir votre personne,
Je jalouse encore les caresses du vent qu’il vous donne.

Ne dit-on pas, que partir c’est mourir un peu ?
Partir, mais en votre compagnie, serait au mieux !
Mais mourir, madame, ceci je ne le veux…

Si tu veux nous nous aimerons
Avec tes lèvres sans le dire
Cette rose ne l'interromps
Qu'à verser un silence pire

Jamais de chants ne lancent prompts
Le scintillement du sourire
Si tu veux nous nous aimerons
Avec tes lèvres sans le dire

Muet muet entre les ronds
Sylphe dans la pourpre d'empire
Un baiser flambant se déchire
Jusqu'aux pointes des ailerons
Si tu veux nous nous aimerons